Les invisibles
- Note d'intention -
Poésie sonore robotique et immersive.
Depuis deux années, Sylvie Santi a affiné sa recherche en s’intéressant à la frontière entre la fiction et le réel. Elle s’intéresse particulièrement aux forces de l’invisible, à nos compagnons de l’imaginaire avec lesquels nous appréhendons nos apprentissages, et met en lumière à travers ces êtres chimériques nos modes distincts de fonctionnement. Elle questionne plus largement nos identités plurielles et cherche à révéler comment elles cohabitent pour vivre les éprouvés.
Alors que les procédés de collectes et les rencontres de proximité avec tout type de public nourrissent son répertoire depuis toujours, Sylvie Santi continue de se nourrir de disciplines nouvelles : robotique, beat-box, danse, vidéo, et réalité virtuelle en temps réel. Ces hybridations offrent force et richesse à son art poétique et donnent une autre forme d’amplitude au voyage.
Cette recherche in progress est déclinée en un triptyque composé de plusieurs formes performatives :
et autres déclinaisons, à la croisée des arts numériques dans des formes poétiques et sensibles.
Le Filipou
Spectacle très jeune public : 3 à 6 ans
Durée : 45min
Dans cette première pièce, Sylvie Santi s’intéresse à la créature du fripon divin. Héros mythique dans plusieurs cultures, il est le farceur, intuitif, l’enfant taquin en nous, celui qui nous souffle une autre manière d’appréhender le monde. Il est le grain de sable dans la mécanique, celui qui crée l’imprévisible, l’irrévérence, et qui nous permet une autre lecture de nos aprioris.
Depuis toujours animée par le monde de l’enfance qui évoque pour elle un monde d’intelligence sensible, elle écrit une première partition de ce compagnon imaginaire avec lequel elle raconte, dans une langue poétique et joueuse, une histoire où chacun peut faire son chemin.
Seule sur scène, Sylvie Santi joue au présent plusieurs espaces et temps, son écriture poétique telle un rythme qui s’alchimise avec un univers sonore organique.
Les images immersives interactives se noient dans des miroirs qui floutent le réel.
Son costume en cours de création viendra accentuer la métamorphose de cette créature hybride au cœur d’un jeu résolument surréaliste…
Sylvie Santi poursuit ensuite sa recherche en mettant en jeu une autre créature : le robot industriel. Contrairement à nos comportements souvent intuitifs et pas toujours maîtrisés, qui s’apparentent à celui du fripon, celui-ci représente la fiabilité, la rentabilité, la répétition, l’exactitude.
Ce choc entre 2 identités contraires lui permet de mettre en jeu son Autre, petit démon ou grand sage qui existe en chacun d’entre nous. Le robot devient alors son double et lui permet de révéler sur le plateau son langage sensible, qui ouvre une perception nouvelle aux spectateurs. Elle détourne la fonction première de cette machine-objet pour l’humaniser tel son partenaire de jeu qui pourrait être un frère jumeau. Elle explore ainsi nos relations ambivalentes avec ces êtres à la fois utiles, fascinants et inquiétants que sont les robots.
Cette forme émerge de différents constats : le besoin impérieux de retrouver des espaces d’expressions et différentes formes d’émotivité, le recours aux réseaux sociaux pour tenter de se dire, un élan magistral pour une autre réalité virtuelle ou augmentée, et la fascination pour les machines robotiques.
Son rapport au robot lui permet de soulever plusieurs questionnements: quels mécanismes de fascination, d’attachement et d’identification s’opèrent ? En quoi peut-il être complice, esclave, partenaire de jeu, ou encore alter-ego ? Quel pouvoir a-t-il ? Est-il fiable ? A-t-il du cœur et une conscience ? En quoi la relation avec ce robot, pourtant imposant par sa physicalité, fait-elle échapper à une certaine réalité ?
Il s’agit alors d’éveiller nos consciences quant à nos rapports à ces nouveaux objets, et d’instruire le rôle de ces êtres fantastiques qui nous racontent un autre rapport au monde. À la frontière de la fiction, absurde, drôle et irrévérencieuse, Sylvie Santi crée du lien, émeut, émet une distance, questionne et enrichit le rapport entre l’humain et le robot.
Cette création s’incarne, au travers de plusieurs saynètes, dans le développement de langages résolument sensibles investis à tour de rôle entre le robot et la comédienne sous forme de dialogues poétiques et sonores. Poésies, sons, mouvements et images se mêlent pour créer un univers intimiste et ludique avec un robot qui tente l’aventure d’une intelligence émotionnelle.
L’univers sonore est cette fois produit en direct par un beat-boxeur et vient donner une amplitude fulgurante à ces langages distincts et sensibles à la fois.
Robot mon Amour
Enfants, adolescents, adultes à partir de 7 ans
Durée : 45 min
Les Multiples
Tout public à partir de 10 ans
Durée : 50 min
Toute l’équipe des invisibles est engagée dans une démarche de transmission et peut proposer, autour de sa pratique artistique, un projet multi-sensoriel de médiation et de sensibilisation.
Dans cette troisième pièce, Sylvie Santi donne une dimension nouvelle au voyage surréel. Elle s’adresse toujours à des interlocuteurs imaginaires à travers le robot industriel, mais ouvre ces dialogues à unbeat-boxer, Enzo Fumex, et à un danseur hip hop et contemporain, Sofiane Distante.
Ces-derniers révèlent de façon plus marquée nos multiples, nos différentes manières d’appréhender le monde, nos doutes et nos certitudes. En révélant les résonances des corps, les mystères des spatialités, les espaces d’entre-deux et les connections étonnantes instaurées avec la machine, ces rencontres dévoilent ainsi, par l’impromptu, les «invisibles» et leurs possibles poétiques.
À travers la volonté propre aux trois pièces de communiquer avec ceux que l’on ne voit pas, Sylvie Santi continue de mettre en lumière nos corps émotionnels, nos modes de pensées et de créer les interstices entre nos mondes réels et fictionnels. Cependant, cette forme performative vient approfondir la dimension de nos multiples conjugaisons identitaires et mettre en lumière le corps flottant, cet entre-deux [corps/machine] non assigné à un espace particulier.
Au-delà de ces nouveaux partenaires de jeu, une autre dimension s’invite au projet : la réalité virtuelle, à travers une collaboration avec Carole Brandon, artiste chercheure sur les réalités mixtes et spatialités. Son œuvre «Nymphéas» est utilisée sur scène en temps réel pour révéler le monde intérieur du robot et apporter un espace intermédiaire de communication entre les différents langages.
Ces rencontres étonnantes sont à l’image du rapport singulier à la langue et à la narration proposé par Sylvie Santi. Elles sont nées d’un appel à projets lancé fin 2020 par Bizarre –La Machinerie Vénissieux, scène conventionnée d’intérêt national Art & Création –Écritures urbaines et contemporaines, pour la recherche de propositions artistiques « hybrides »soutenues en vue d’une présentation lors de l’événement Shake It !.
Dans cette pièce, nous pourrons être les uns et les autres, les uns aux autres, les uns sans les autres, tous en un et un en tous.
Cette pièce reprend la forme des saynètes mettant en scène des dialogues poétiques et sonores entre le robot et la comédienne. Cependant, le robot, fixé au sol avec une amplitude de trajectoires limitée, permet aux nouveaux partenaires de jeu de s’accorder une certaine liberté dans la relation qu’ils essaient d’instaurer avec lui. La précision des actions qu’il produit et son efficacité programmée sont confrontées à la variation et l’improvisation du geste et du rythme, ce qui permet de créer de nouveaux espaces de dialogue.
Le beat-box composé en direct vient affirmer, par son univers organique, la nécessité de se dire. Il donne une amplitude fulgurante à ces langages distincts et sensibles à la fois.
Le danseur tente une entrée en connexion avec la machine par le geste, puis se saisit de l’outil de réalité virtuelle pour se plonger dans son monde dont il a tout à découvrir.
Les formes déclinées
Les Invisibles peut être déclinée sous plusieurs formes performatives, en fonction du lieu, des publics et de l’évènement.
Équipe artistique pour Les Invisibles
Sylvie Santi
Écriture et jeu
Alexandre Del Perugia
Mise en jeu / en scène
Enzo Fumex
Beatbox
Sofiane Distante
Danse
Carole Brandon
Chercheure de l’axe de recherche « Texte, image et art numérique » LLSETI Université Savoie Mt Blanc
Images vidéo et réalité virtuelle issues de la collaboration de la Cie Sylvie Santi, avec l’œuvre et projet de recherche Nymphea’s Survey en réalité virtuelle, de Carole Brandon assistée d’Alice Barada, utilisé lors des représentations entre le 24 novembre 2021 et le 3 décembre 2022.
Franck Berthoux
Musique
Éric Dutriévoz & Frédéric Miguel
Régie robot et son
Clément-Marie Mathieu
Création numérique et robotique
Bruno Sourbier
Création lumières
Jérémy Hazael-Massieux
Constructions accessoires
Alice Baradat
Assistante Design interactif et modélisation 3D
Émilie Marron
Production et diffusion
L'équipe artistique de la série Les Invisibles
Sylvie Santi
Formée au Centre des Arts du Récit (38), au Centre National des Arts du Cirque (51) et au Centre Méditerranéen de Littérature Orale (30), Sylvie s’inspire de tous les genres de la littérature orale avec un attrait particulier pour la langue sonore, son rythme, son mouvement.
Elle propose une poétique de l’absurde, mélodique et organique, proche de l’art brut. Sa langue s’écoute et se vit offrant des champs de perceptions larges. Elle raconte dans une langue joueuse des histoires où chacun peut faire son chemin. Son travail de création est nourri par son rapport sensible au monde notamment envers des publics éloignés des dispositifs culturels, en difficultés d’apprentissages, et d’une profonde réflexion sur l’art de la parole.
Elle coordonne de nombreuses sessions de formations allant du jeune public à un public adulte. Sa démarche vise à redonner à chacun la liberté d’expression de son enfant souvent perdue et à trouver en chacun la capacité à se dire.
Alexandre Del Perugia
Metteur en scène
Après avoir travaillé à l’Opéra de Paris de 1985 à 1988, notamment avec Antoine Vitez, Alexandre Del Perugia fonde avec Niels Arestrup le Théâtre « Ecole du Passage ». Il crée « Projections », un espace de recherche autour des jouets du cirque avec de jeunes comédiens et acrobates, et en 1995 « Regards et Mouvements » à Pontempeyrat, dans le Forez, « lieu sédentaire pour nomades », lieu d’accueil, de formation, de recherche et d’expérimentation.
Il travaille avec Léo Carax, François Cervantes, Régine Chopinot, la compagnie DCA de Philippe Découflé, Maguy Marin, le Ballet Preljocaj. Il enseigne régulièrement au Conservatoire Supérieur d’Art Dramatique de Paris (CNSAD), au Conservatoire de Paris (ESAD), au Conservatoire d’Art Dramatique de Montpellier, à l’ENSATT, à la Comédie de St Etienne, au Centre National de la Danse (CND), au Centre national des Arts du Cirque (CNAC), au CNCDC Châteauvallon…
Il accompagne les projets de la Cie Sylvie Santi depuis six années.
Sofiane Distante
Danse
Sofiane apprend à l’âge de 17 ans les bases de la capoeira avant de découvrir la danse hip-hop. Il intègre pendant deux ans le Collectif Nouvelle Vague et participe à la première création Cœur d’une Note en que danseur-chorégraphe, tout en participant à des battles et des shows dans la région lyonnaise.
En 2015, il part vivre en Ukraine à Sumy et intègre la troupe Under the Groove, spécialisée dans le Bboying, avec qui il participe à de nombreux spectacles et compétitions dans le pays. Intéressé par la transmission de la danse, il commence alors à donner plusieurs cours hebdomadaires.
Sofiane crée l’association A.S.F.H. en 2015, mère de la Cie Krèmenciel. Il passe sa Licence 2 d’Arts du Spectacle (Danse) à l’Université Lyon 2 puis intègre en 2017 la Formation Interprète Danseur (i.D) de la Cie De Fakto. La même année, il est interprète dans la création Flowers Crack Concrete de Yuval Pick.
En 2019, il travaille sur des projets pédagogiques avec le CCNR de Rillieux-la-Pape tout en étant créateur et interprète de la création Métamorfoze de la Cie Krèmenciel. Il chorégraphie également sa première création en solo pour le groupe Danser Sans Frontière : A quatre.
Depuis 2020 il est aussi interprète dans la création Les bannis de la Cie Alexandra N’Possee.
Enzo Fumex « River »
Human beatbox
River’ est un beatboxer originaire d’Annecy. Son beatbox puissant et précis lui permet de créer des tracks de trap, de Hip-Hop, de Drum’n’bass… Il a fait ses armes en sillonnant la France, de scène en scène, de Battle en Battle, jusqu’à décrocher le titre de Champion de France, à Dijon en octobre 2018. Dès lors, il participe à plusieurs compétitions à l’échelle mondiale, et remporte de nombreux titres internationaux.
En 2020, il se qualifie pour représenter la France lors de la très célèbre compétition internationale, le « Grand Beatbox Battle », dans la catégorie Tag Team avec le beatboxeur Colaps avec qui il forme le duo Rogue Wave. Durant le confinement en 2020, il s’est illustré en ligne en remportant La Cup Online et les FrancoMicroPhonies, faisant de lui le tout premier champion des pays francophones.
Enfin il s’est qualifié en mai 2021 pour la World League, finissant premier sur plus de 400 participants.
Frédéric Miguel
Design sonore, régie sons et lumières
D’abord métallier spécialisé en soudure pour la compétition moto, Frédéric suit différentes formations en audio et vidéo. Il est régisseur son référent au Théâtre des Collines pour la salle du Rabelais et régisseur général pour le Conservatoire d’Annecy sur le festival « Sons d’Automne », entre autres.
Il est par ailleurs musicien, auteur, compositeur et fait également du design sonore.
Franck Berthoux
Ingénieur son, créateur sonore
Après de nombreuses expériences de régie technique de création d’univers sonores (Emmanuel Meirieu, David Moccelin), il devient free lance en 2003 et rejoint notamment l’équipe du Grame (Centre national de création musicale – Lyon). Musicien au sein du groupe Jade, il produit, enregistre et mixe un premier EP en 2004 « Fresh air », puis l’album « Analogic » en 2006.
En 2008 il s’installe à Paris, et étend ainsi son réseau de collaborations entre Paris et Lyon, du spectacle vivant à la musique contemporaine, en passant par les musiques actuelles, les installations sonores, et l’illustration sonore et musicale de supports multimédia. A travers ces collaborations, il explore et développe différentes facettes de la création sonore et musicale.
Clément-Marie Mathieu
Création numérique et robotique
Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT) en réalisation sonore en 2010, il collabore en tant que créateur et régisseur son, numérique et robotique avec plusieurs compagnies de théâtre, de cirque et de danse, notamment Haut et Court – Joris Mathieu, le Théâtre du Rivage, la Compagnie de l’Étang rouge …
Au sein du L.I.E. (Laboratoire de l’Inquiétante Étrangeté), il développe un axe de recherche autour de la robotique et de ses implications dans les arts vivants, en lien avec des professionnels du monde industriel.
Eric Dutriévoz
Direction technique
Enfant, il voulait voyager avec un micro et un magnéto pour enregistrer le silence des déserts.
Adulte, il devient preneur de son à la télévision française de Berlin durant un an juste après la chute du mur, puis part faire le tournage d’un documentaire sur l’Everest. Il se tourne ensuite vers le spectacle vivant en croisant sur son chemin différentes familles, celle du théâtre, de la musique, de la danse et du cirque : entre autres, Ankinéa Théâtre/Cie Dontacte – Franck Berthier, Cie Propos – Denis Plassard, Bande d’Art et d’Urgence – Corinne Méric, Cie Dintrona/TNG.
Il est également régisseur général pour le festival jeune public Au Bonheur des Mômes – Le Grand Bornand et l’Académie Festival des Arcs. Parallèlement, il s’engage sur sa commune de St Jean des Vignes, dont il est conseiller municipal et intercommunal depuis 3 mandats.
Bruno Sourbier
Création lumières
Éclairagiste depuis 1982, il réalise des créations théâtrales, chorégraphiques et musicales.
Au théâtre il sera fidèle à la compagnie Opéra Théâtre, Volodia, El Hakawati, Cie IKB, Cie les 3 huits.
Pour la danse : Karine Saporta, Michel Hallet Egayan. Zazimut, la Cie Arcosm.
En musique, il met en lumière des artistes tels que Michelle Bernard, Didier Lockwood, Mickael Nyman, Jean-Claude Sévère.
Il travaille également au Conservatoire National Supérieur de Musique à Lyon, sur des festivals comme le Grame et Y Salsa à Lyon, le festival de Jazz à Francheville, le festival de musique classique des Arcs 1800.
Émilie Marron
Production/administration/diffusion
Après avoir été salariée de compagnies de danse conventionnées à Lyon, Émilie fait en juillet 2013 le choix de s’installer à Annecy et de devenir travailleur indépendant pour mettre ses compétences au service de plusieurs artistes rhônalpins et plus particulièrement dans les Savoie. Depuis, elle accompagne les projets de la Cie Sylvie Santi au niveau de la communication, de la diffusion et plus globalement, de son développement.
Elle est assistée du partenariat d’externalisation avec l’entrepreneur TOHU-BOHU et le cabinet comptable Eurex via Joël Gaudin.
Sont associés à cette recherche : Carole Brandon artiste chercheure recherche-création, USMB, laboratoire LLSETI Axe2 Textes, Images et Arts Numériques, création vidéo et conception dispositifs interactifs, assistée de Alice Baradat, designeuse, design interactif et modélisation 3D, réalité virtuelle, et d’un stagiaire pour les modélisations.